Dénombrer des quantités

Beaucoup de très jeunes enfants connaissent la suite des premiers nombres et s’énorgueillissent à juste titre de savoir vous la réciter. A ce propos, il est très important de les corriger s’ils oublient un nombre et de ne pas laisser s’installer dans leur mémoire une suite erronée comme par exemple: 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8.
Néanmoins, il faut bien comprendre que les enfants récitent la suite des nombres comme une comptine – on parle d’ailleurs de comptine numérique – et que cette connaissance au demeurant indispensable ne signifie aucunement qu’ils savent compter, c’est-à-dire dénombrer une quantité, activité moins évidente qu’on ne le pense.

I. Les difficultés de l’entrée dans le numérique

1.Un petit problème d’utilisation du langage

Habituellement quand l’enfant nous entend parler, il constate que:
Nous utilisons des mots différents pour désigner des objets différents

Nous dirons: une cuillère, une fourchette, un couteau.

Nous utilisons le même mot pour désigner le même objet : nous dirons : »Je prends une fourchette pour toi et une autre fourchette pour ton père. »

Mais lorsque nous comptons, nous utilisons des mots différents pour un même objet.

L’enfant entend : »un, deux, trois, quatre » pour designer les mêmes objets

En outre, il faut que l’enfant comprenne que:
deux, en fait cela signifie le deuxième (ordinal) mais que
-quatre, c’est à la fois le quatrième et le total de l’ensemble c’est-à-dire le cardinal.

Vous pouvez avoir le sentiment que je pinaille mais pour certains enfants la confusion se fixe au départ et dure longtemps.
Faites un essai dans votre entourage. Dites à un ami qui vient de fêter ses 35 ans : »Je te souhaite le meilleur pour ta 36 ème année ». Vous risquez d’entendre:  » S’il-te-plaît, ne me vieillis pas d’un an ! »

2. Les difficultés pratiques du dénombrement

a) A-t-on toujours besoin de compter?

Non, même un enfant très jeune identifie de petites quantités d’objets sans avoir besonde les compter.

Les quantités de 1, de 2 et de 3 objets sont reconnues sans comptage, sous réserve que l’on n’ait pas conduit l’enfant à associer toujours le même symbole à un cardinal. Il est bon d’utiliser des représentations traditionnelles des premiers nombres que sont les constellations mais il ne faut pas y enfermer les enfants.
Ainsi 3 ne s’applique pas seulement à l’image du milieu mais aussi aux deux autres avec trois rectangles disposés différemment.

Au delà de 3, on n’a pas une vision immédiate du cardinal, donc il faut dénombrer sauf si les objets sont placés de telle sorte qu’ils évoquent une constellation ou une représentation courante comme une boîte d’oeufs par exemple.

b) Comment dénombrer?

Ce n’est pas si simple que cela même quand on connaît la suite des nombres!
Si vous observer un jeune enfant qui compte, vous remarquerez qu’il éprouve de la peine à faire coïncider le dénombrement des éléments et la récitation de la comptine numérique.
Très souvent comme il est fier de la connaître, il la récite plus vite qu’il ne dénombre. Par exemple, s’il compte les convives d’un repas de famille, quand il arrive au cinquième, il est déjà à 7 dans la récitation de la suite des nombres.
Comprendre qu’il faut faire correspondre un mot nombre à chaque élément demande du temps à l’enfant qui devra ensuite acquérir une méthode de dénombrement.

c) Les trois manières de dénombrer

  1. La procédure experte : on compte des yeux. Inaccessible à un jeune enfant dès qu’il faut vraiment compter c’est-à-dire dès que la quantité n’apparaît pas d’emblée (tout petit nombre ou disposition traditionnelle). Ajoutons que pour un adulte, il faut que les éléments soit nettement reconnaissables, immobiles et bien disposés pour qu’on y parvienne. Il est aisé de compter des élèves en rangées, moins facile de relever le nombre d’invités à une soirée qui prendront une boisson chaude avant de partir.
  2. . La procédure médiane : on touche du doigt chaque élément. Efficace pour l’adulte face à une quantité relativement importante d’objets de petite taille; plus délicate à mettre en oeuvre pour un débutant surtout si les éléments sont en désordre où s’il n’a pas encore acquis le parcours canonique, celui de la lecture: de gauche à droite en partant du haut du plan ou de la feuille.
  3. La procédure élémentaire : c’est aussi la plus sure ! On déplace les éléments au fur et à mesure qu’on les compte. C’est la meilleure manière de procéder pour un jeune enfant. Notons que l’on retrouve ce procédé allié au groupement par dix, dans les bureaux de vote lors des dépouillements.

II. Quelques exercices sur fiche

a) La fiche sur le nombre 3

Elle s’adresse à des élèves de PS qui ont encore un graphisme mal assuré et font leurs premiers pas dans la numération.
Le premier exercice porte sur la reconnaissance du cardinal 3 même présenté de manière inhabituelle.
Le deuxième exercice repose sur la constitution d’un ensemble d’un cardinal fixé. J’ai opté pour des croix à tracer car c’est facile pour un enfant de trois ans mais on peut aussi lui donner des gommettes à coller.
Le troisième exercice suppose l’application de la notion de cardinal à des éléments de la vie courante.

b) Les fiches sur les nombres 4, 5, 6

Elles sont conçues de la même manière.
Le premier exercice demande à l’enfant d’effectuer une succession de groupements par un cardinal donné. La difficulté réside dans l’organisation de la tâche : il faut repérer le nombre d’éléments demandé et les entourer mais selon leur disposition l’enfant va laisser un élément qu’il risque d’oublier. Il est normal d’obtenir des courbes très tortueuses car l’enfant de 4 ans ou 5 ans a de la peine à anticiper.
Le deuxième exercice relève du surcomptage. Il faut partir d’une quantité donnée et la compléter pour parvenir au cadinal demandé. C’est assez difficile pour beaucoup d’enfants.
Le troisième exercice amène une découverte des décompositions possibles du nombre étudié ; on parle aussi d’écritures additives.

Dans cet exercice comme dans le premier, j’ai mis des éléments en trop pour complexifier la recherche.

Surtout n’oubliez pas que…

Les nombres, les enfants les rencontrent dans la vie quotidienne et apprendront plus vite à les maîtriser si:

  1. Vous les embauchez pour le petites tâches de la vie commune : mettre le couvert (X assiettes, X verres… à chercher), reconstituer les paires de chaussettes propre, vous donner le nombre de légumes demandé pour préparer le repas…
  2. Vous jouez avec eux à divers jeux qui leur ont été offerts (la marchande, la dinette…) dont des jeux de société : la bataille avec un jeu de 32 cartes, les petits chevaux, un jeu qui oblige à manipuler le dé et à compter.

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