Des outils et des jeux pour aider votre enfant à acquérir du vocabulaire

Rappelons une évidence : c’est en parlant avec son enfant qu’on lui apprend du vocabulaire. Ceci dit rien n’interdit de s’appuyer aussi sur certains supports, des livres et des jeux de société ou situations ludiques faciles à mettre en œuvre.

Mais attention, il faut les utiliser en supplément et non pas à la place des échanges que vous avez avec votre enfant.

I.Les livres

Il ne s’agit pas ici d’aborder le rôle que joue la littérature de jeunesse dans l’enrichissement du vocabulaire et la construction de la langue écrite. C’est une question essentielle mais qui nécessiterait une réflexion plus large et des développements plus longs.

Je veux parler ici de deux types d’albums bien spécifiques, les imagiers et les dictionnaires.

1.Les imagiers : le plus célèbre est sans conteste celui du Père Castor , réédité à de nombreuses reprises et actualisé. Ce dernier point a son importance car les jeunes enfants ne savent pas que nos objets du quotidien  ont beaucoup changé et ils ne peuvent reconnaître ni un téléviseur dans l’image d’un poste à tube cathodique, ni un téléphone dans celle d’un appareil à cadran.

 

Aujourd’hui, il existe une grande variété d’imagiers. En voici quelques uns:

                                                             

Ce sont des albums bien adaptés à des enfants de moins de 5 ans mais il faut avoir en tête que, dans une optique d’apprentissage du vocabulaire, ils présentent quelques inconvénients :

  1. La volonté d’illustrer des mots, fonction première d’un imagier, conduit à privilégier un vocabulaire présenté sous forme de catalogue et constitué de noms d’objets. Or, pour parler nous avons aussi besoin d’adjectifs et surtout de verbes.
  2. Ce défaut est accentué dans les imagiers thématiques  qui apportent aux enfants, sur un sujet donné, un vocabulaire quasi encyclopédique qu’ils n’auront pas souvent l’occasion d’utiliser ; ce qui ne les empêche pas d’avoir d’autres qualités comme celui photographié à droite.

Les éditeurs semblent d’ailleurs conscients de ces limites et on trouve aussi des imagiers des verbes (1) ou des albums axés sur quelques adjectifs (2). La collection L’imagerie des tout-petits (3) introduit le vocabulaire par de courtes phrases aisément compréhensibles et offre, dans certains albums, une approche lexicale tout à fait intéressante.

  (1)                               (2)                                 (3)

J’ajoute qu’on trouve ces albums un peu partout et sur des sites comme Priceminister à des prix vraiment très bas.

2.Les dictionnaires : ils sont moins populaires que les imagiers comme s’ils restaient entachés de pénibles souvenirs scolaires.

C’est bien dommage car ceux qui s’adressent aux enfants les plus jeunes – à partir de 4 ans – sont souvent très bien conçus et présentés d’une manière attractive avec force illustrations.

Les dictionnaires constituent des outils irremplaçables et il n’est pas inutile de familiariser des enfants non-lecteurs à leur maniement, de chercher devant eux des définitions, des synonymes, des contraires. En outre, ces premiers dictionnaires pourront être ensuite utilisés par les enfants eux-mêmes bien plus longtemps qu’on ne le pense.

                                                                

 

II.Les jeux de société

  • Ceux qu’on trouve dans le commerce. Tous les jeux qui amènent à nommer des  éléments sont les bienvenus, les « mémory » d’une part mais surtout les lotos pour enfants. La plupart présentent des images d’animaux ou d’objets mais certains, comme celui de Petit Ours Brun, (le troisième dans ceux ci-dessous) mettent scène des moments du quotidien et, de ce fait, se révèlent plus intéressants sur le plan langagier.

  (1)                        (2)                       (3)

  • Ceux que l’on peut élaborer en famille. Ils présentent aussi l’avantage, outre leur succès auprès des enfants, de ne nécessiter que peu de préparatifs pour leur mise en place. On présente aux enfants des objets du quotidien, ils sont amenés à les nommer, à expliciter leur  fonction , à trier et à catégoriser.

1.Quelques  points à avoir en tête.

Nommer: la compétence de désignation est la première qui se construit chez l’enfant

Expliciter la fonction: c’est une première étape vers l’exercice de définition, cela oblige l’enfant à utiliser des énoncés d’une certaine complexité même s’ils demeurent imparfaits. « Le manteau c’est pour quand il fait froid. »

Trier: le tri, à la base de tout rangement, est pour nous, adultes, une activité tellement banale que nous en oublions qu’elle repose sur des capacités intellectuelles que nous avons développées. Trier des éléments suppose toujours d’avoir intégré certaines de leurs propriétés. Si vous ne mettez pas dans la machines à laver les chemises avec les pulls, c’est que vous savez que les tissus ne supportent pas la même température.

Avec les jeunes enfants, le tri est souvent considéré – et à juste titre – comme une activité mathématique ; la nécessité de justifier son tri en fait aussi une activité langagière pertinente.

Catégoriser:  cette compétence suit immédiatement celle mise en oeuvre dans le tri: il s’agit de donner un nom à l’ensemble des éléments que l’on met ensemble.

C’est l’axe central dans la construction de vocabulaire. En effet, ce qui manque le plus aux enfants, ce sont justement les termes génériques, ceux qui permettent de ranger les mots dans des catégories. Ainsi, un enfant saura nommer une robe, un pantalon une chemise mais ignorera qu’il s’agit de vêtements ; de la même manière, il désignera sans hésitation une assiette, un bol, un verre mais ne les reliera pas au mot vaisselle.

Les termes génériques se révèlent essentiels à la structuration du vocabulaire, l’enfant retiendra mieux les mots qu’il entend s’il peut, dans sa mémoire, les rattacher à un ensemble.

2.Quelques exemples d’activités ludiques à pratiquer en famille

Le plus simple pour développer les compétences langagières évoquées plus haut réside, bien sûr, dans l’exploitation des moments de la vie quotidienne: le rangement des courses, la découverte du contenu d’un tiroir ou d’un vide-poche… mais on n’a pas toujours le temps alors de faire parler son enfant.

On peut aussi, les jours de congé, les dimanches pluvieux, bâtir des situations ludiques  en posant au sol, sur une table, dans un carton des objets du quotidien.

Que demander à l’enfant?

  • Nommer les objets qu’il voit ou qu’il sort du carton
  • Donner leur fonction. Si l’enfant est en panne, mimer un comportement incongru, comme,  par exemple, boire dans une chaussure, se coiffer avec un tournevis… vous verrez tout de suite sa réaction et vous pourrez vous-même lui dire à quoi sert l’objet dont il connait l’usage mais qu’il ne parvient pas à formuler.
  • Trier les objets selon l’activité qu’ils permettent, la pièce dans laquelle ils se trouvent.

Un exemple. Sur la photo ci-contre, vous pouvez voir des objets de la cuisine et d’autres de la salle-de-bains que j’ai posés sur une table basse.

Demander à l’enfant de les trier et d’expliquer ses choix. C’est l’occasion de rappeler les noms des objets, les actions qu’ils aident à effectuer.

Ici l’intérêt ne réside pas tant dans la dénomination des objets que dans la reformulation de leur usage.

  • Lister le plus de mots possibles correspondant à une catégorie que l’on montre par des images ou des gestes. Par exemple:
  1. donner le nom de toutes les chaussures que l’on connait : le mocassin, la botte, la sandale…
  2. trouver les verbes de toutes les manières de se déplacer : marcher, courir, ramper…
  • Compléter une collection en choisissant un objet de la même catégorie
  • Éliminer l’intrus dans une collection d’objets.

Dans les collections  que j’ai réunies puis photographiés, l’enfant doit écarter le pinceau qui ne sert pas écrire, la carotte qui n’est pas un fruit, le parapluie qui n’est pas un aliment.

                               

On peut aussi procéder par découpage et collage d’images prises sur des catalogues mais à moins d’embaucher un frère ou une sœur aîné(e) cela exige bien des manipulations et du temps… C’est intéressant pour sensibiliser des enfants à des catégories  d’éléments encombrants. Ici le mobilier et les vêtements.

                                

3.Intérêt et limites de ces jeux

Ces jeux sans prétention offrent un moyen d’apporter ou de rappeler des termes génériques courants : légumes, véhicules… et d’amener l’enfant à se dégager de ce qu’il a sous les yeux pour commencer à bâtir des concepts.

Les activités que je propose ici s’adressent à de jeunes enfants, disons de 3 à 8 ans; elles les aident à acquérir puis retenir le vocabulaire courant et concret.

Avec des enfants plus âgés et/ou pour développer le vocabulaire abstrait, celui de la pensée et des sentiments, il faut s’appuyer sur des échanges autour de situations vécues et ne pas oublier l’extraordinaire support que constitue la littérature de jeunesse.