L’orthographe (1) Catégoriser les erreurs de son enfant

Le jeudi  dans le CM1 de votre fille, c’est le jour de la dictée. Vous l’appréhendez autant qu’elle car vous savez que cet exercice la met toujours en difficulté et vous vous dites qu’elle risque fort de faire encore beaucoup d’erreurs et de revenir de l’école découragée.  En outre, vous vous inquiétez car, si elle n’a jamais été bonne en dictée, vous avez le sentiment que cette année cela devient catastrophique et la perspective du collège vous angoisse.

Comment  pouvez-vous l’aider  à s’améliorer dans ce domaine ?

 

D’abord disons-le sans hésiter, vous avez raison de vous inquiéter.On n’a plus, concernant la correction orthographique, les exigences qu’ont pu connaître vos parents dans les classes des années 60 ; néanmoins, un niveau vraiment faible dans cette discipline pénalise la scolarité à venir.

Un élève qui maîtrise très mal l’orthographe va mettre plus de temps qu’un autre à copier quelques lignes car son regard ira sans arrêt du tableau ou du livre à sa feuille, prendra des notes peu lisibles et rendra à ses professeurs des devoirs pénibles à lire et à corriger. Adulte, il ne sera jamais sûr de ce qu’il écrit car les correcteurs orthographiques, efficaces pour l’orthographe lexicale (les mots), réservent des surprises quand il s’agit de l’orthographe grammaticale (les accords).

Il faut donc intervenir rapidement pour que les difficultés que rencontre votre enfant ne s’enkystent pas ce qui suppose trois étapes que je complèterai de deux chapitres.

I. Cerner la nature de ses difficultés

II. Comprendre d’où elles proviennent

III. Trouver des moyens pour l’aider à les surmonter ou plus modestement à surmonter celles qui le handicapent le plus.

IV. Les dictées à la maison.

V. Les cahiers d’apprentissage de l’orthographe en vente dans le commerce

 

 

I. Cerner la nature des difficultés

En tant que parent, vous avez sans doute tendance à vous focaliser sur les dictées or elles ne constituent pas le seul support  pour évaluer l’orthographe d’un écolier, il  faut aussi s’intéresser à ses copies : les poésies, les énoncés d’exercices, les résumés de leçons sur ses différents cahiers et à ses productions écrites.

1.Les productions écrites.

Notons d’abord leur importance car, dans la vie, savoir écrire c’est savoir écrire ce qu’on veut dire et non ce que veulent dire les autres !

A partir du lycée, l’orthographe des élèves n’est plus évaluée qu’à partir de leurs travaux de rédaction dans toutes les disciplines. A l’école primaire, rares sont les écoliers qui écrivent spontanément de manière à peu près correcte, il n’empêche, les productions écrites donnent des indications sur les difficultés orthographiques.

Soyez donc attentif à ce qu’il écrit : les petits mots qu’il vous laisse sur le réfrigérateur, les textos qu’il vous envoie… Segmente-t-il bien les mots qu’il choisit (les coupe-t-il au bon endroit)? Malgré les erreurs, peut-on comprendre immédiatement ce qu’il  écrit ? A ce stade c’est l’essentiel.

 

Un exemple avec un compte-rendu de visite :

Jeudi on n’a été visité une ferme moderne. Le paisan il nous a espliqué comment il fait avec c’est vaches pour le lait et on n’a vu le robot fonctionné.

(Jeudi on a été visiter une ferme moderne. Le paysan il nous a expliqué comment il fait avec ses vaches pour le lait et on a vu le robot fonctionner)

Comment analyser cette production?

-Les mots sont bien segmentés

-Il y a deux erreurs de lexique un peu surprenantes car les mots sont très courants

-Le passé composé est maîtrisé mais la différence avec les infinitifs du premier groupe n’est pas installée

-L’erreur au possessif ses: on peut penser que la fréquence du présentatif c’est dans notre langue a pris le pas sur la réflexion.

 

Certes il y a des erreurs d’orthographe mais la traduction que j’ajoute entre parenthèses n’est pas indispensable pour comprendre ce premier jet d’un écolier de CM1 Cet élève va avoir des corrections à effectuer mais son niveau n’a rien de vraiment préoccupant.

 

2.Les copies.

L’idéal serait de l’observer quand il copie. Un enfant qui a des difficultés en orthographe revient constamment vers le modèle. Si vous ne pouvez voir ses  copies qu’une fois  effectuées, regardez attentivement les mots. Semblent-ils avoir été copiés d’un coup ou percevez-vous des accroches maladroites qui témoignent d’une copie hachée ? Y-a-t-il beaucoup d’erreurs, y compris à des mots que l’enfant écrit fréquemment : leçon sans cédille, grammaire avec un seul m…

Une copie truffée d’erreurs doit vous interpeller car un enfant qui copie mal aura de la peine à se corriger et à progresser.

 

3.Les dictées.

Etudiez le type d’erreurs commises. Votre enfant fait-il surtout :

-des erreurs lexicales : il écrit mal les mots dictés. Par exemple, il se trompe sur :

  • les doubles consonnes (caresse devient carresse),
  • les lettres muettes (habitation devient abitation),
  • la graphie des sons : il écrit le son entendu mais avec des lettres erronées (forage devient faurage)…

-des erreurs grammaticales : :

  • il n’indique pas correctement les marques du pluriel ou du féminin ( les petits oiseaux devient les petits oiseau ou la jolie fleur devient la joli fleur)
  • il n’accorde pas le verbe avec le sujet ou l’accorde comme un nom (les élèves parlent devient les élèves parle ou les élèves parles)
  • il confond les homonymes grammaticaux (son devient sont, à devient a…)

Cette étude des erreurs de votre enfant va peut-être vous sembler astreignante; elle est néanmoins indispensable pour comprendre l’origine de ses difficultés et mettre en oeuvre des modalités d’aide.

(A suivre…)