L’orthographe. (3) Aider son enfant à progresser.

Vous avez repéré le type d’erreurs que votre enfant commet le plus souvent, vous vous êtes fait une idée de ce qui le met en difficulté; nous pouvons maintenant lister -modestement- quelques pistes d’actions pour l’aider à progresser et, avant tout, à reprendre confiance en lui et en ses capacités à améliorer son orthographe.

III.Comment aider son enfant à progresser ?

1.Les difficultés globales avec la langue écrite.

Il serait illusoire de penser qu’un soutien parental va permettre à l’enfant de combler des lacunes qui remontent sans doute à l’apprentissage de la lecture. C’est à l’équipe enseignante que revient la prise en charge de ce profil d’élève qui nécessite une pédagogie appropriée.

Si votre enfant se trouve dans cette situation, le meilleur moyen de renforcer cette action sera de le réconcilier avec l’écrit  en lui faisant lire des textes très simples, par exemple ceux que vous trouverez dans des manuels de fin de CP et de CE1 ou dans des revues destinées à des enfants plus jeunes Pomme d’Api, Youpien lui faisant écrire les mots les plus courants du texte, et en lui dictant de courtes phrases élaborées à partir de ce texte.

Une remarque : les enfants de 10 ans en difficulté avec la langue écrite ont la maturité d’enfants de 10 ans ; les récits destinés à des moins de 8 ans risquent de leur paraître « bébé », mieux vaut souvent opter pour des textes documentaires.

 

Un exemple pris dans un vieux numéro de Pomme d’Api

Dans le texte que je réécris ici :

La péniche navigue sur les fleuves et les canaux et elle transporte des marchandises. La famille habite juste en dessous de la cabine de pilotage. C’est petit et pourtant il y a tout ce qu’il faut ! Les enfants vont à l’école des mariniers et pendant les vacances, ils voyagent avec leurs parents.

Vous pourrez lui faire écrire avec modèle puis de mémoire :

  • les noms : famille, cabine, enfants, école, vacances, parents
  • les verbes : habite, vont, voyagent en évoquant non pas tout la conjugaison mais les troisièmes personnes du singulier et du pluriel
  • les invariables : pourtant, pendant.

Vous pouvez terminer en lui faisant écrire sous dictée : Pendant les vacances, les enfants voyagent avec leurs parents.

 

2.Les difficultés de concentration

La situation est bien moins préoccupante que dans le paragraphe précédent mais elle demeure délicate à régler car on ne peut pas obliger un enfant à se concentrer. Toutefois, on peut lui faire prendre conscience du tort qu’il se cause à lui-même et l’aider à écarter ce qui l’empêche de se concentrer

Vous devez, lorsqu’il travaille à la maison supprimer tout ce qui ne va pas manquer de le distraire : présence d’un autre enfant, d’un animal domestique, d’un écran. Vous pouvez enlever  de son cartable de sa trousse, les sources évidentes d’amusement : cartes de Star War, taille-crayon fantaisie, sans toutefois le brimer ou le mettre dans une situation qui va le couper de ses camarades. mais vous n’avez pas les moyens de l’empêcher de céder à tout ce qui lui traverse l’esprit quand il écrit.

Je vous suggère de reprendre avec lui ce qu’il écrit en classe et de lui faire corriger ses erreurs d’orthographe. Il va sans doute avoir le sentiment que vous le harcelez et, à vous, cela va paraître très fastidieux mais si vous tenez le coup sans vous énerver, votre opiniâtreté l’amènera à faire un peu plus attention et à intégrer progressivement des règles de base.

 

3.Les difficultés de mobilisation des savoirs

Si votre enfant a globalement un niveau scolaire convenable mais des faiblesses en orthographe, il relève probablement de cette catégorie.  Vous pouvez vraiment l’aider à s’améliorer en lui fournissant quelques techniques qui doivent, par la répétition, devenir des réflexes .

 

Pour l’orthographe lexicale : (on dit aussi parfois l’orthographe d’usage) copier dix fois un mot parce qu’on l’a mal orthographié constitue un pensum souvent inutile. Mieux vaut donner des tactiques pour retenir la difficulté orthographique:

-rapprocher le mot en question d’un autre de la même famille : paysage vient de pays, comme paysan, paysagiste

-chercher le féminin pour trouver la finale muette : gentil donne gentille

-chercher le mot racine pour savoir s’il y a ou non une double consonne : illisible/lisible comme immobile/mobile, mais inutile/utile

-ranger le mot dans une catégorie comportant la même caractéristique orthographique : des noms se terminant par  et (poulet, tabouret, béret…), par er (boulanger, charcutier, épicier…)

A ce propos, faire apprendre des listes de mots peut se révéler utile à condition que celles-ci restent courtes (3 à 6 mots au maximum) et que le critère d’élaboration soit explicite : des mots de la même famille, des mots avec la même syllabe initiale ou finale, des synonymes.

 

Pour l’orthographe grammaticale : il est tout à fait normal qu’en élève d’une dizaine d’années se trompe dans l’orthographe des verbes, particulièrement délicate dans notre langue ; en revanche, certaines difficultés peuvent facilement être surmontées.

l’accord de tous les mots du même groupe nominal : Rappel : les grands animaux herbivores écrit les grands animaux herbivore.

L’élève connaît les marques du pluriel, sait que l’adjectif s’accorde avec le nom mais en oublie un dans le groupe. C’est une erreur très fréquente. Il faut pour s’en corriger que l’enfant prenne l’habitude de repérer l’ensemble de chaque groupe nominal.

Le meilleur moyen pour l’aider consiste à travailler la lecture orale. Lisez lui à haute voix des textes de ses manuels en marquant bien les groupes de souffle et demandez lui de s’exercer avec vous ; progressivement il repèrera « ce qui va ensemble » et pourra accorder les adjectifs avec le nom, le mot essentiel qu’il n’aura pas de peine à identifier. En effet, un enfant comprend aisément que dans l’expression les grands animaux herbivores c’est avant tout d’animaux que l’on parle.

l’accord du verbe avec le sujet.

Les élèves de CM ont assimilé la règle et l’appliquent assez spontanément  quand le verbe suit immédiatement le sujet mais les taux de réussite baissent dès qu’ils sont confrontés à des énoncés un tout petit plus compliqués (voir Orthographe (2))

Le meilleur moyen d’aider l’enfant à retrouver le sujet et le verbe dans des phrases plus littéraires que les simples exemples de grammaire consiste à les ramener oralement devant lui à l’énoncé essentiel  en lui posant des questions élémentaires : de qui te parle-t-on ? que fait cette personne ou que te dit-on de cette personne ou de cet objet ?

Cette gymnastique  intellectuelle s’avère fructueuse et  pas seulement en orthographe car elle développe l’esprit de synthèse indispensable à la compréhension de l’écrit et à la mémorisation. Ajoutons que cet exercice oral ne doit pas systématiquement déboucher sur une dictée.

 

Un exemple avec un texte pris dans un manuel d’histoire pour le CM2.

 

A la fin des années 1930, Hitler décida d’étendre le territoire allemand. Soutenu par l’Italie et le Japon, il envoya l’armée envahir les pays voisins. Pour arrêter son expansion, la France et la Grande-Bretagne lui déclarèrent la guerre en 1939. Mais les troupes allemandes remportèrent des victoires fulgurantes et, en 1940, la France demanda l’armistice. Seule la Grande-Bretagne, dirigée par Winston Churchill, Premier ministre, continua la lutte, en subissant des bombardements incessants.

 

 

Outre l’emploi d’un vocabulaire spécifique, la construction des phrases peut égarer de jeunes lecteurs. Rechercher l’essentiel du message met en évidence les sujets et les verbes et, même si ce n’est pas l’objet aujourd’hui, aidera l’enfant à retenir  un résumé du texte.

A la fin des années 1930, Hitler décida d’étendre le territoire allemand. Soutenu par l’Italie et le Japon, il envoya l’armée envahir les pays voisins. Pour arrêter son expansion, la France et la Grande-Bretagne lui déclarèrent la guerre en 1939. Mais les troupes allemandes remportèrent des victoires fulgurantes et, en 1940, la France demanda l’armistice. Seule la Grande-Bretagne, dirigée par Winston Churchill, Premier ministre, continua la lutte, en subissant des bombardements incessants.

 

Pour les homonymes grammaticaux. Cela ne vous rassurera pas mais tous les professeurs des écoles s’arrachent les cheveux sur cette question et se désespèrent d’avoir si souvent à ajouter des accents sur le a et sur le ou , des t à on et à son et à remplacer le récurrent c’est par ses ou ces.

Espérer que les élèves du primaire vont pouvoir ranger ces homonymes dans les bonnes classes grammaticales et ainsi savoir les écrire relève du vœu pieux! C’est bien trop abstrait pour un enfant de 10 ans. En revanche, il y a des procédés qui permettent de les écrire correctement. C’est artificiel mais assez efficace. Assurez-vous qu’on les a enseignés à votre enfant –c’est presque toujours le cas – qu’il les a mémorisés – c’est moins sûr – et qu’il y recourt, ce qui ne va pas de soi ! Vous allez sans doute devoir l’habituer à se servir de ces procédés de manière systématique au point qu’ils deviennent eux-aussi des réflexes

Pour mémoire :

pour choisir entre a/à ; ont/on ; est/et ; sont/son, on essaie de mettre la phrase au passé si on peut dire avait (avaient) ; ou était( étaient), on écrit a ; ont ; est ou sont . Sinon c’est l’autre orthographe.

pour choisir entre  é/er pour une finale verbale on remplace le verbe du 1er groupe par un du 3ème dont l’infinitif est reconnaissable à l’oreille.  Si on utilise l’infinitif prendre ou faire par exemple, il faut une finale en er

pour choisir entre ou/où : peut-on dire  ou bien , on écrit ou. 

pour choisir entre ces/ses : peut-on dire ceux-ci (celles-ci) ou les siens (les siennes)

Il y  a beaucoup de procédés mnémotechniques. Les intégrer n’a rien de bien affriolant mais on n’a rien trouvé de mieux! A expliquer, c’est assez abscons mais  on trouve sur Internet beaucoup d’affichettes très bien conçues que vous pouvez imprimer, donner à votre enfant ou afficher quelques part chez vous – les murs des WC offre un support de choix!

Voici quelques exemples:

                                

Restons raisonnables: un élève normalement constitué ne peut pas tous les retenir et les utiliser ; les deux que je cite en premier me paraissent les plus utiles.