Orthographe (5) Utiliser un fascicule proposé dans le commerce

Les enseignants manifestent souvent une certaine hostilité à l’égard de ces fascicules que l’on trouve dans les librairies et dans les supermarchés. En France où nous sommes tous attachés à la gratuité de l’enseignement, l’idée que des parents en viennent à payer un cahier d’exercices pour apprendre l’orthographe à leur enfant peut choquer.

Ceci dit, ces cahiers d’exercices existent et tiennent une place non négligeable dans l’offre périscolaire commerciale. Plutôt que de les rejeter au nom des principes, mieux vaut étudier si l’aide qu’ils apportent à des élèves et à leurs parents vaut leur prix d’environ 5€.

V. Utiliser un cahier conçu pour l’apprentissage de l’orthographe

L’offre commerciale est très large, signe d’un marché porteur, mais moins diversifiée qu’on ne pourrait s’y attendre. La plupart des éditeurs de manuels scolaires publient une série de fascicules pour l’orthographe qui, lorsqu’on les feuillette, ont quand même un air de famille ; ce n’est pas vraiment surprenant mais cela peut rendre le choix plus délicat.

Voici un échantillon de ce qu’on peut trouver:

           

1. La conception d’ensemble

Tous, enfin tous ceux que j’ai pu avoir en mains, proposent, sous des formes assez attractives dans le style des cahiers de devoirs de vacances, des séquences comprenant :

  • Le rappel d’une règle d’orthographe lexicale ou grammaticale
  • Des exercices d’application sous diverses formes mais qui demandent peu d’efforts d’écriture aux enfants : exercices à trous, tableau pour classer des mots, listes verticales parallèles pour relier des homonymes…
  • Des dictées

2. Les variantes

Elles portent sur :

  • La présence ou non de textes de lecture
    • Intérêt : cela donne un corpus de mots à étudier dans un contexte qui a du sens et une entrée en matière pour la dictée qui souvent est en lien avec ce texte
    • Limite : cela va allonger la durée de la séquence à conduire à la maison et il vaut mieux le soir proposer à son enfant des lectures plus ludiques
  • La présence ou non de textes d’autodictées
    • Intérêt : c’est un exercice sur lequel je reste sceptique mais que l’on pratique dans beaucoup de classes ; il n’est pas inutile d’y entraîner votre enfant
    • Limite : un apprentissage par cœur, le soir, à la maison en plus de tout ce que l’enfant doit mémoriser… cela risque de faire lourd
  • L‘espace prévu pour l’écriture de la dictée
    • Intérêt : cela permet de tout réunir  sur un même support et, sans doute, de mieux voir les progrès effectués
    • Limite : les éditeurs prévoient un espace à lignes ; les enfants écrivent mieux sur des pages de cahier d’écolier avec des interlignes ; en outre, de manière très triviale, on paie du papier blanc au prix du cahier d’exercices
  • Le nombre de dictées plus ou moins important
    • Intérêt d’un grand nombre de dictées : on pourra choisir.
    • Limite d’un grand nombre de dictées : il faudra choisir!
  • L’endroit où se trouvent les dictées, parfois dans la séquence-même, écrites tête-bêche, ou au centre de la brochure avec la correction des exercices sur des feuillets détachables. Cette dernière solution, la plus fréquente, semble la meilleure. Pourquoi donner à l’enfant la tentation de regarder le texte avant la dictée ?
  • La place des mémento  de grammaire, orthographe, conjugaison au sein des séquences ou à la fin du cahier : l’enfant les retrouvera plus vite s’ils sont placés à part.

3. Un exemple : Bescherelle. Dictées et entraînement. Hatier

Pour me faire une idée plus précise de ces outils, j’ai choisi un niveau de classe, le CE2, et j’ai examiné toutes les brochures que je pouvais trouver. J’en ai retenu une qui m’a paru bien correspondre aux besoins d’un élève de cette classe et aux conditions dans lesquelles les parents et l’enfant vont l’utiliser.

Je précise que je ne suis pas rémunérée pour faire de la publicité et que mon choix comporte forcément une part de subjectivité ; donc faites-vous une idée par vous-même en feuilletant deux ou trois brochures.

Le Bescherelle. Dictées et entraînement. Hatier :

  • est découpé en 20 séquences, 10 sur l’orthographe lexicale, 10 sur l’orthographe grammaticale.
  • chaque séquence comprend :
    • sur la page de gauche une règle, un texte de lecture peut-être un peu long pour le contexte dans lequel il va être lu,
    • sur celle de droite des exercices traditionnels mais d’une présentation assez variée,
    • une dictée qui poursuit l’histoire racontée dans le texte de lecture et qui figure dans des feuillets détachables
  • la dernière page du cahier est consacrée à une liste de mots invariables
  • les revers de la couverture présentent la conjugaison au quatre temps figurant au programme du CE2 – ce sont les plus employés : présent, futur, imparfait, passé composé – des deux auxiliaires et d’un verbe de chaque groupe (être, avoir, aimer, finir, partir)

Un exemple d’une séquence:

  

4. Impression d’ensemble de tous les fascicules feuilletés

Elle est très largement positive.

Il y a peut-être des cahiers mal construits mais toutes les brochures  que j’ai consultées sont conçues avec intelligence par des professeurs des écoles ou des conseillers pédagogiques qui connaissent bien la question, les difficultés que rencontrent les élèves comme les manières de les aider pour qu’ils intègrent des règles souvent bien artificielles quand on a moins de 12 ans et qu’ils mémorisent l’orthographe des mots courants.

Pour un prix raisonnable, ces brochures proposent  aux non-professionnels de l’enseignement primaire que sont la plupart des parents une progression cohérente, des exercices conçus pour renforcer des notions vues en classe et un choix de dictées adaptées en longueur et type de difficultés à l’âge de chaque enfant et à la classe qu’il fréquente.

Néanmoins, une mise en garde.

Si vous achetez une brochure de ce type, vous vous engagez quasiment pour l’année scolaire, au rythme d’une séquence hebdomadaire partagée probablement en deux séances, ce qui signifie deux soirées par semaine où vous consacrerez une heure à faire apprendre l’orthographe à votre enfant.

Allez-vous tenir sur une telle durée alors qu’il y aura les autres leçons ou devoirs – interdits mais toujours présents! – peut-être un autre enfant à suivre dans votre foyer et, de toute façon, la gestion du quotidien domestique ?

Finalement, si votre enfant dispose d’un manuel de français en classe, ne suffirait-il pas comme support pour l’aider dans son apprentissage, dans la mesure où, ne l’oublions pas, l’essentiel se fait à l’école ?