Rares sont les parents d’enfants de 8 ans et plus, c’est-à-dire d’élèves du cycle 3, qui continuent à leur lire des histoires. On ne le regrettera jamais assez car l’écoute d’un texte lu avec expressivité par un adulte reste sans doute le fil le plus solide pour conduire les enfants au goût de la lecture et, par suite, à la lecture autonome.
Quand vous allez choisir le livre il faut que vous ayez cette réalité en tête : sauf exception, l’enfant se trouvera seul face à ce livre. Il faudra donc que celui-ci l’attire spontanément, ce qui suppose qu’il corresponde à ses goûts mais d’abord à ses représentations.
Les représentations d’un élève de cycle 3
- « Je ne suis plus un bébé ! » Renoncez à l’album et c’est bien dommage car les éditeurs en proposent de magnifiques pour des lecteurs plus âgés mais il y a fort à craindre qu’un enfant de huit ans et plus se sente infantilisé si on lui offre un album. Il veut des livres de « grands » c’est-à-dire des livres du format de nos romans brochés.
- « La lecture c’est un truc de fille ! » Cette remarque, très fréquente dans la bouche de collégiens, s’entend déjà dans les classes de CM. Gardez-vous d’acheter un roman psychologique à un garçon d’une dizaine d’années !
Le profil et les goûts de l’enfant
Si vous destinez le cadeau à votre propre enfant, cette rubrique sera inutile car bien sûr, vous connaissez tout de lui mais si vous allez offrir le livre à un neveu, un petit-fils, l’enfant d’amis, il faudrait que vous disposiez de quelques informations sur :
- Ses centres d’intérêt et loisirs : avez-vous affaire à une jeune cavalière, à un fou de rugby, un constructeur de lego forcené ?…
- Son rapport à la lecture : est-ce un dévoreur de livres, un lecteur intermittent voire en difficulté ?
Quel livre choisir ?
I. Un roman
Une première mise en garde. Résistez à l’envie bien compréhensible d’offrir un livre qui vous a beaucoup plu quand vous étiez enfant : les goûts et la sensibilité des enfants ont changé même si certains textes anciens peuvent les toucher ou amuser.
(Ex.1) Les malheurs de Sophie reste, il me semble, le seul roman de la Comtesse de Ségur lisible par des enfants d’aujourd’hui. Ici c’est la version joliment illustrée par Philippe Auzou.
(Ex.2) Croc-Blanc peut toujours séduire, surtout lorsqu’il est accompagné d’illustrations de qualité, ici celles de Vincent Boyer. C’est une lecture exigeante, à réserver à de bons lecteurs.
Une deuxième mise en garde. N’offrez pas un livre trop difficile à lire à un enfant qui n’a peut-être pas une grande pratique de la lecture. Deux critères peuvent vous aider à vous en assurer:
- L’épaisseur du livre : c’est ce que le destinataire va percevoir d’emblée. Soyez attentif au nombre de pages : si vous dépassez la centaine, même pour un enfant de 10 ans, le livre risque fort de n’être jamais ouvert. Pour un enfant de 8 ans, limitez-vous à 50 pages, mais ce ne sera pas difficile à trouver car les éditeurs proposent des romans de bonne qualité dans des collections qui, sous divers intitulés, évoquent les lecteurs débutants. Ces textes sont bien adaptés au public visé. (Ex.3, 4, 5 ) En revanche, dès qu’on cherche des romans pour des enfants un peu plus âgés, les éditeurs surévaluent souvent les compétences de lecture et surtout l’endurance d’enfants de 10 à 12 ans qui ne sont pas tous de bons lecteurs (Ex ).
Des collections pour les 7/9 ans.
(Ex.3) 
(Ex.4) 
(Ex.5)
Trois romans de moins de 50 pages choisis chez : Gallimard, Folio cadet(Ex.3) ; Nathan, Mes premiers romans(Ex.4) ; un roman policier chez Syros, mini Syros.
Des collections pour les 9/11 ans
(Ex.6) 
(Ex.7) 
(Ex.8)
Trois romans choisis chez : Syros, Tempo (Ex.6) ; Milan, Cadet (Ex.7) ; Flammarion, Castor Poche (Ex.8). L’ogre du sommeil me paraît le plus facile des trois.
- L’écriture. Vous pouvez vous en faire une idée en lisant une ou deux pages du livre. Sachez que les descriptions ennuient vite les jeunes lecteurs qui préfèrent le récit d’action ou les dialogues. Quand ils font parler des enfants, les auteurs actuels privilégient le réalisme de l’expression ; cela peut gêner un adulte, moins un lecteur de 10 ans.
Une remarque : ces critères n’ont qu’un valeur indicative car:
- Brièveté ne signifie pas simplicité, des romans courts peuvent se révéler complexes. La collection « Mouche » de l’École des Loisirs propose ainsi des textes brefs écrits dans une langue efficace mais qui exigent chez le lecteur une grande acuité (Ex.9)
Je ne résiste pas à l’envie de citer le texte plein d’humour de Marie-Aude Murail Le hollandais sans peine, un vrai bijou de la littérature de jeunesse. Il est souvent conseillé pour des élèves de CE2. Utilisé en CM1, j’ai pu constater que beaucoup d’élèves avaient besoin d’un vrai travail d’analyse du texte pour le comprendre.
A offrir, à coup sûr, mais à des enfants de 10 ans au moins.
(Ex.9)
- Lire un roman ce n’est pas faire une explication de texte ; des enfants vont se montrer sensibles à une langue très littéraire même s’ils n’en saisissent pas toutes les nuances. Et puis n’oublions pas les bons lecteurs !
Une troisième mise en garde. Méfiez-vous des romans qui traitent des « sujets de société » : l’injustice, le racisme, la pauvreté… On en trouve beaucoup actuellement ; sans doute donnent-ils bonne conscience aux adultes qui les achètent mais, s’ils peuvent toucher certains enfants et les faire réfléchir, ils en agacent beaucoup d’autres qui les perçoivent comme des leçons de morale glissées de manière insidieuse dans leurs moments de loisir.
II. Un ouvrage non fictionnel
Je regroupe ici deux catégories de livres :
- Les documentaires qui apportent des renseignements sur un sujet donné : les animaux préhistoriques, les maisons dans toutes les civilisations, l’équitation… (Ex.10,11,12)
- Les livres pratiques qui donnent des conseils pour se livrer à une activité. (Ex.13,14,15). Évitez toutefois d’offrir un livre qui donnera à un enfant l’envie de se lancer dans une tâche qu’il ne peut accomplir, comme s’occuper d’un chien quand ses parents ne veulent pas d’animal domestique, planter un potager s’il habite un appartement dans le centre d’une grande ville !
Ces ouvrages sont souvent très appréciés des enfants et ils permettent à ceux qui ne lisent guère de pouvoir tirer profit d’un livre sans le lire en intégralité.
Quelques exemples de documentaires
(Ex.10) 
(Ex.11) 
(Ex.12)
Le château-fort et A l’abordage sont en fait des livres animés. Ils sont étiquetés « à partir de 4 ans » et « de 4 à 8 ans ». Ils me semblent convenir mieux à des enfants plus âgés, de 7 à 10 ans. Le Carnet d’un voyageur du temps s’adresse à de bons lecteurs de 10 ans et plus.
Quelques exemples d’ouvrages pratiques
(Ex.13) 
(Ex.14) 
(Ex.15)
La collection « Copain » aux éditions de Milan s’est fait une spécialité de ce type d’ouvrages ; on pourrait tous les citer. J’y ajoute Le grand livre de jardinage des enfants qui constitue assurément un beau cadeau.
III. Une BD
Rien n’empêche d’opter pour une BD mais, attention, ne croyez pas que vous faites là systématiquement le choix de la facilité pour un lecteur peu aguerri.
Certes, on trouve des BD conçues pour les jeunes enfants : les illustrations sont explicites, les textes limités et les histoires simples (Ex.16, 17, 18). Mais dès qu’elles s’adressent à un public plus âgé, les règles changent et comprendre une BD peut exiger des compétences de lecture bien installées surtout lorsqu’il s’agit des BD actuelles aux scénarios souvent complexes. Restent les grands classiques qui ont toujours leurs fans.
Mais si vous voulez sortir des sentiers battus et que vous n’êtes pas vous-même un familier du neuvième art, il faut vraiment vous rendre chez un libraire spécialisé et admettre que cela va vous prendre du temps.
Des BD modernes pour les jeunes et les moins jeunes.
(Ex.16) 
(Ex.17) 
(Ex.18)
Ces trois BD appartiennent à des séries qui ont sorti de nombreux albums. Monsieur Blaireau et Madame Renarde s’adresse vraiment à de jeunes enfants; Tom-Tom et Nana qui provient du bimensuel Astrapi (Bayard presse) correspond bien à des enfants de 8 à 11 ans. La série Pico Bogue me paraît un peu plus difficile.
Les classiques.
(Ex.18) 
(Ex.19) 
(Ex.20)
Ils n’ont pas besoin d’être présentés. Je les range par ordre de difficulté.
IV. Un recueil d’énigmes, de charades, d’histoires drôles
Vous n’oseriez pas car cela ne fait pas très sérieux! Il est vrai qu’un tel cadeau peut surprendre les parents du destinataire mais l’enfant vous en sera reconnaissant. D’abord, il pourra lire le livre par petits bouts, ensuite, il se trouvera au centre de la journée festive car tous, petits et grands, chercheront la solution aux devinettes ou riront aux histoires drôles qu’il lira.
Trois recueils exempts de toute vulgarité.
(Ex.21) 
(Ex.22) 
(Ex.23)