Les enfants sont amenés très jeunes à reconnaître leur prénom et à l’écrire en capitales d’imprimerie qu’ils appellent « lettres bâtons ». Vous avez raison d’encourager leurs efforts d’écriture mais ne vous limitez pas au résultat, le geste effectué pour l’obtenir compte aussi.
Il est important que votre enfant apprenne d’emblée le bon geste pour tracer les lettres de son prénom puis toutes celles de l’alphabet, ce sera pour lui un gage d’efficacité c’est−à−dire de rapidité puis de lisibilité.
I. Les capitales d’imprimerie en maternelle
1. Pourquoi commence−t−on par elles ?
Tout simplement parce que ce sont les lettres les plus faciles à identifier et à reproduire et ce pour trois raisons :
- Chaque lettre est isolée des autres. D’ailleurs les jeunes enfants quand ils commencent l’écriture manuscrite disent qu’ils écrivent « en attaché »
- Les lettres sont faites d’arrondis et de barres bien plus faciles à réaliser que les boucles en tout sens de l’écriture manuscrite.
- Les lettres sont toutes de la même hauteur
2. Comment s’effectue cet apprentissage ?
Pour un enfant la motivation des premiers tracés se fonde sur la volonté d’écrire son prénom, qui est différent de celui de ses camarades. Il s’avère difficile pour l’enseignant de bâtir une progression puisque ses élèves ne rencontrent pas tous au départ ni les mêmes lettres ni le même nombre de lettres : ainsi une petite Marie−Sophie se heurtera à d’autres difficultés qu’une jeune Lola.
On garde donc le plus souvent dans les classes une approche empirique.
Mais quelle que soit la longueur du prénom, le tracé des majuscules d’imprimerie exige des efforts de concentration et de motricité fine qu’on ne peut négliger.
Aider l’enfant à adopter la bonne méthode lui facilitera la tâche en lui permettant :
– d’obtenir un résultat qui le satisfera davantage
– d’écrire plus vite ce qui par la suite limitera les réactions de lassitude si fréquentes.
Apporter cette aide de manière rationnelle suppose que nous nous intéressions nous−mêmes à la forme des lettres et à la manière dont nous les traçons
II. Analyser les lettres pour déterminer leurs difficultés d’écriture.
1. Les différents tracés qui composent les lettres.
Les lettres de l’alphabet latin sont faites :
– de traits verticaux (le I)
– de traits horizontaux (le T)
– de traits obliques (le A)
– d’arrondis qui se terminent en cercle (le 0) ou restent inachevés (le J).
Toutes ces figures se composent entre elles : traits verticaux et horizontaux ( le H), trait en biais et horizontaux (le A) ou verticaux (le N), traits verticaux et arrondis (le U)…
Le tableau suivant offre une classification de tous ces tracés et en montre la complexité.
Toutefois, il ne faudrait pas penser que la difficulté du tracé tient uniquement à la complexité des formes. S’y ajoute le nombre de ruptures de geste qu’exige le tracé certaines lettres.
2.Tracé en continu ou avec ruptures.
Une image de ces difficultés :
– Le I et le L se tracent d’un seul geste,
– Le A nécessite deux ruptures : on part du haut pour faire le trait oblique de gauche. On s’arrête et on repart du sommet de la lettre pour le trait oblique de droite. On s’arrête à nouveau et il faut déterminer à quel endroit on va démarrer la barre horizontale.
On peut donc ranger les lettres en fonction du nombre de ruptures qu’elles occasionnent.
Pour l’enfant, la difficulté de tracé provient de ces deux critères :
- Le nombre et la diversité des formes contenues dans une lettre
- Le nombre de ruptures dans le tracé et le fait de savoir ou non ou reprendre après une rupture
III. Quelle progression adopter et quelle aide apporter à l’enfant ?
Même s’il serait logique de conduire cet apprentissage de la lettre la plus facile à tracer à la plus difficile, chaque enfant continuera à aborder cet exercice par l’écriture de son prénom.
La progression que nous vous proposons −du plus simple au plus complexe dans chaque type de tracé− s’appuie sur de multiples observations dans des classes maternelles. Elle ne vise qu’à attirer votre attention sur les difficultés rencontrées par vos enfants.
Les vidéos qui l’accompagnent s’adressent à vous et vos jeunes enfants. (Cliquez sur le tracé pour l’agrandir)
Un trait de crayon
I : sans aucune difficulté. Veiller à bien aller de haut en bas
L ; U ; Z : sans difficulté réelle
W : Se trace sans rupture mais il faut garder les proportions
Deux traits de crayon
Bien lever la main pour reprendre le tracé en haut.
D ; P ; B : L’enfant voit où commencer la courbe (l’extrémité haute du trait vertical). Il doit savoir où l’arrêter.
T : Où commencer le trait horizontal ?
G : En fait un C avec une petite barre. Où la commencer ?
X : Où commencer le deuxième trait oblique ?
V : Où démarrer le deuxième trait oblique ?
M : Se trace en deux fois mais avec repère ; la difficulté c’est de garder les proportions.
Trois traits de crayon
A : Lever la main pour repartir du point haut. Arriver à positionner la barre horizontale.
H : À quelle distance tracer le deuxième trait vertical et où démarrer la barre horizontale ?
N : Où commencer le deuxième trait vertical ?
F : Seul le deuxième trait vertical est difficile à situer.
K : Où démarrer le trait oblique du haut et où l’arrêter ? Le deuxième trait oblique est plus facile.
Y : même difficulté que le V mais en plus où arrêter le premier trait oblique ?
Quatre traits de crayon
E : La difficulté réside dans la perception du nombre de traits horizontaux et de leur taille.
Les atypiques
J : On tourne de droite à gauche, c’est−à−dire dans le sens opposé à l’écriture
S : Part de droite à gauche puis continue à l’opposé. Difficile à équilibrer ? Souvent tracé à l’envers comme le chiffre 3.
R : Mélange de trait vertical, trait oblique et arrondi. Les enfants s’y perdent longtemps.
Bon ! Si après cela, vous persistez à nommer votre enfant SERGE c’est que vous êtes sans pitié !
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